Cinématographe
L’image élémentaire, la voit-on à l’écran ?
Epiphanie d’icône ou image noumène,
Et qui n’est chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre – et même, elle nous comprend !
Car sur ce grand écran, se projette en petit
Le Grand Tout, l’Univers tout à la fois classique
(la pomme de Newton), tout à la fois quantique
(le chat de Schrödinger qu’Einstein avait honni).
Un grand Nobel a dit - un esprit très caustique
Qui a fait progressé l’électrodynamique -
« Personne ne comprend la physique quantique »
Et si pour le ciné, se trouvait le même hic ?
Est-il si insensé de trouver sur l’Ecran
Comme une réduction de tous les phénomènes
A la fois corpuscules, billes d’espace et de temps,
Autant que masses mouvantes ondoyant l’espace-temps ?
Que ce soit un Carné, un Ozu, un Huston
Tout film porte en lui la dualité du monde ;
La pomme qui jadis a passionné Newton,
En tombant dans l’étang a propagé des ondes
Qui revivent à l’écran dans les deux dimensions.
Comment pouvoir saisir ce quantum de vision
Qui défile sur la bande entre lampe et lentille
A un débit constant ; vingt-quatre par seconde.
Lecteur ! n’insiste pas si ton esprit vacille.
Elle se moque en brillant de la haute culture
La Lumière pénétrante à la double nature
Autant ondulatoire qu’elle est corpusculaire,
Homonyme des frères qui ensemble inventèrent
Ce fastueux cinéma si brillant en lieu sombre !
L’Univers est un film et le film est une ombre.
Platon nous l’avait dit, il y a déjà longtemps;
Et l’évangile de Jean exprimé plus clairement.