Extrait du journal de mon grand-père:Le calculateur analogique pour la prédiction des marées inventé par Lord Kelvin
juillet 1914Je me sent comme l’astronome amoureux des astres ; mon savoir me condamne à souffrir l’infinie frustration de ne jamais approcher un jour ces astres merveilleux et me résigne à leur contemplation lointaine ; jamais ma main ne caressera la chevelure des comètes et ma peau ne connaitra jamais le grain des planètes, la chaleur des Pléiades. Tapi dans la nuit noire, je ne joui de leur beauté que par la lumière ténue qu’ils me lancent à petites poignées à travers l’immensité du cosmos; ces frêles lueurs me comblent l’intellect mais n’entameront jamais la chape obscure et froide de la nuit où je me tiens reclus dans mon observatoire.
A l'opposé, Archibald Christie est un jeune sous-officier de belle prestance. Archange des temps modernes, il émane cette aura de mystère que la familiarité des cieux confère aux aviateurs. Celui-ci, bien que sans rayonnement propre est taillé dans un marbre pur et semble ne pouvoir se révèler que par la lumière des autres. Il ne pouvait jamais paraître sous un si beau jour que par le soleil d’Agatha. Celle-ci, comme bien d’autre jeunes filles est tombée sous le charme de cet aviateur dont le regard bleu, glacé par l’altitude n’a jamais le temps de monter en température tant sa passion du vol le fait rare au sol. Depuis que cet astre froid tourne autour de la jeune femme il influe sur les mouvements de son cœur à la façon ample et sourde des marées.
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