19 juin 2006

Tripalium



On a l’habitude de définir le travail comme étant de l’activité humaine produisant des biens et des services. Ce terme, qui rappelons-le, trouve son étymologie dans un instrument de torture (tripalium) connote en l'exaltant l'idée d’effort. La question du consentement plus ou moins libre à cet effort est généralement jugée comme étant secondaire; le travail étant considéré comme naturellement nécessaire. Pourtant ceci fait question quant à la nature des motivations qui sous-tendent cette activité humaine si souvent vantée par ceux qui l’exercent avec une joie évidente, voire parfois avec une passion quasi addictive. Observons toutefois que ces joyeux travailleurs semblent bien minoritaires dans le monde du travail. En replaçant notre réflexion dans la problématique plus générale de la liberté (une des composantes de la Trinité fondatrice des valeurs de la République Française) l’activité travail ne peut s’exercer que selon deux modes ; le mode contraint ou le mode libre; d'un côté l’activité forcée ou esclavage ; de l'autre l’activité libre ou amateurisme.

Avec la montée en puissance du savoir faire technique, un nouvel acteur est en train de prendre une importance inédite jusqu’alors dans l’activité de production ; le travail des machines; celui-ci est de plus en plus perçu comme une alternative crédible au travail humain dans certains secteurs de l’économie. D’une efficacité toujours perfectible, moins coûteuse à terme, la technique mettait en évidence les limites de l’activité humaine sous ces deux formes, l’esclavage et l’amateurisme. La première nécessitant un appareil de coercition excessivement coûteux, la seconde restant difficilement contrôlable, irrégulière et aléatoire. Il a fallut inventer autre chose qu’on appela le salariat, en mémoire d’une antique pratique romaine qui rétribuait le travail avec du sel. On peut dire que l’apparition du salariat correspond à une professionnalisation de l’esclavage et à la marchandisation de l’amateurisme.

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