13 novembre 2006

Vers aux -teries

Même si tes bijoux sont de ferblanterie
C’est toi qui les éclaire et nulle joaillerie
Ne recèle en ses coffres la joyeuse effronterie
De l’or de ton regard. Et sans forfanterie
Je clame à tous les cieux cette galanterie:
Je me meure sous tes yeux, alors que tu te ris
De te voir si belle en cette miroiterie.

J’ai retrouvé ces quelques vers de mon grand-père qui sont de toute évidence adressés à Agatha Miller qui n’allait tarder à devenir madame Christie. En effet à l’époque où ils furent écrits les fiançailles d’Agatha avec le Colonel Archibald avaient été depuis longtemps prononcées. A l’hôpital de Torquay une tendre inclination avait rapproché mon grand-père de Miss Miller et même si leurs rapports durent certainement rester platoniques les vers que nous publions révèlent à la postérité l’existence d’un amour qui fut certainement intense; ce petit poème l’atteste, non sans une forme d’autodérision. Si ces vers peuvent laisser quelques doutes sur la réciprocité de ces inclinations, rappelons qu’à cette époque, Agatha n’avait pas encore pleinement renoncé à l’art lyrique. Certes son récent échec Parisien lui avait fait réviser ses ambitions (elle avait séjourné deux ans à Paris dans l’espoir d’y faire carrière à l’Opéra). Têtue, Agatha s’obstinait à répéter pendant des heures, saturant l'atmosphère de son entourage avec l’Air des bijoux de Gounod qui est la source manifeste du poème de mon grand-père.

Ci-dessous, Joan Sutherland interprète l'air des bijoux




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