05 septembre 2006

Ivresse du pouvoir

Mon grand-père et le vin:

Les effets psychotropes de l’alcool ne suffisent pas expliquer le prestige du vin ; les raffinements de son goût et de sa flaveur sont tout autant l’expression des sucs libérés par le raisin sous le poids du pressoir que celle des ferments de l’esprit humain asservi sous la pression du pouvoir.
Ne voyez rien d’autre dans la symbolique du château ; avec son charme bucolique, son pittoresque suranné imprimant à l’étiquette en papier vergé la garantie d’une tradition bien gardée, le château prétend sceller dans le terroir l’alliance ancestrale du pouvoir et du vin. Les puissants, et ceux qui se veulent tels, se doivent toujours de posséder une cave exceptionnelle et leurs courtisans se doivent de savoir goûter ces fins millésimes avec compétence. Quand aux gagne-petits, les plus motivés exercent leurs papilles dans la mesure de leurs moyens dans l’espoir d’en goûter de plus prestigieux ; les plus désespérés, quand à eux, ils boivent pour oublier leur impuissance et, en premier lieu, ils oublient que le pouvoir premier est l’empire que l’on peut exercer sur soi-même et l’ordre de ses propre désirs.
Ange-Gabriel d'Affy

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